
L’histoire de Roxy LANKOANDE
Je suis issue d’une société où dès le bas âge on fait comprendre à la petite fille qu’elle est différente, qu’elle n’a pas les mêmes droits que son frère, qu’elle est une étrangère dans sa propre famille. Et cela sous prétexte qu’elle se mariera un jour, elle quittera ses parents et surtout changera de nom. Il n’est donc pas rare d’entendre à la naissance d’un bébé les parents dire « nous avons eu une étrangère » (lorsque le bébé est de sexe féminin) et « nous avons eu un héritier » (lorsque le bébé est de sexe masculin). La première fois que j’ai entendu de tels propos (les explications allant avec) j’ai été traumatisée. C’est dur! Surtout quand on est encore une enfant. Cependant j’ai eu la chance de naître dans une famille qui pense différemment! J’ai un frère et une sœur mais nous avons tous les trois reçu la même éducation, les mêmes corvées et le même amour! Sans aucune discrimination. J’ai appris à bricoler avec papa, à jouer au foot et à faire plein de choses que beaucoup perçoivent comme réservées aux garçons! Comme jouets je préférais les voitures de polices! Les motos…et plus tard j’ai eu des bicyclettes et des motocyclettes étiquetées comme étant des engins masculins! Ainsi j’ai toujours été perçue comme un « garçon manqué » on a d’ailleurs souvent reproché à mes parents de ne pas me donner une éducation adéquate pour une fille. Mais eux ont toujours eu du répondant. Tout allait donc bien dans le cocon familial mais une fois sortie de là la réalité était toute autre! On essayait de me faire comprendre que j’étais inférieure aux garçons du même âge que moi avec lesquels je traînais! Que je n’avais pas le droit de faire si ou ça parce que je suis une fille. J’ai trop souvent dû me battre avec des garçons par désire
de montrer au monde que j’étais beaucoup plus forte! J’ai pratiquement grandi en nourrissant le rêve de devenir un jour architecte. Cependant une fois au Lycée j’ai pris conscience de la triste réalité qui est celle des femmes! j’ai donc contre toutes attentes décidé d’abandonner mon rêve pour me faire orienter en faculté de droit! Je l’ai fait par nécessité. Je suis maintenant très loin de la fille qui s’amusait à donner des raclées aux garçons! J’ai compris qu’en face de moi ne se dressait pas une seule personne mais plutôt toute une société! Et ce n’est pas avec les poings que je ferai évoluer les choses…pour y arriver il fallait impérativement que je m’arme! Je me suis donc rabattue sur le droit. Juriste de mon état Je suis aujourd’hui à la tête d’une jeune association à but non lucratif qui œuvre au changement des conditions de vie des femmes dans mon Pays le Burkina Faso. Par ailleurs je suis aussi auteure d’une œuvre littéraire intitulée Déclic fatal (actuellement en édition) dans laquelle je continue sur la même lancée, c’est à dire, à défendre la cause de la femme et à éveiller les consciences longtemps endormies.
Je suis plus que jamais déterminée à me battre! Ce ne sera pas facile! Le changement n’est peut-être pas pour demain mais je suis persuadée qu’un jour ça changera! Et je me battrai jusqu’à mon dernier souffle pour la cause féminine.
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